SQL

11. La gestion des privilèges

 

On emploie à tort le mot "droit" pour expliquer, dans SQL, le sous ensemble DCL dit "data control language" qui s'occupe de la gestion des privilèges. Cette partie de SQL 2 s'occupe de contrôler quel utilisateur peut ou ne peut pas utiliser tel ou tel ordre SQL sur tel ou tel objet et en cette matière il n'y a pas que des droits, mais aussi des "usages" !


1. La notion d'utilisateur
2. Octroyer des privilèges
2.1. Les différents privilèges
2.2. Attribution de privilèges
2.3. Gestion fine des privilèges
2.3.1. Privilèges INSERT et UPDATE sur colonne
2.3.2. Privilèges SELECT sur colonne
2.4. Particularité des privilèges d'usage
2.5. Privilèges de référence
3. Révocation des privilèges
3.1. Quelques exemples simples
3.2. Problématique de révocation
4. Retrouver les privilèges
5. Critiques diverses
5.1. Pas de privilèges simultanés sur plusieurs objets
5.2. Pas de privilèges "négatif"
6. SQL:1999 et les rôles
7. Confidentialité des données


1. La notion d'utilisateur

La notion d'utilisateur possède une lacune importante dans SQL car elle fait l'impasse sur la façon dont on créé un utilisateur...

NOTA : SQL 2 a prévu des règles d'accès spécifiques pour les différentes familles d'ordre SQL. Ainsi pour la création d'un schéma (une base de donnée en fait) ou d'un catalogue (un ensemble de bases de données), il laisse la règle à l'appréciation de l'éditeur du SGBDR. En revanche pour les ordres CREATE, ALTER et DROP, l'utilisateur courant doit être le même que l'utilisateur propriétaire (auteur) du schéma modifié.

Rapellons que la création d'un utilisateur se fait au moment de la création du schéma. Par défaut ce dernier est le créateur des objets.

Souvent dans les implémentation commerciales, on trouve un pseudo ordre SQL du genre CREATE USER nomUtilisateur, ou encore une procédure stockée permettant de définir un nouvel utilisateur.

Ainsi, pour MS SQL Server :

Exemple 1

sp_adduser 'nomConnexion', 'nomNouvelUtilisateur'
Permet d'ajouter un nouvel utilisateur affecté à la connexion donnée.

La norme SQL2 propose trois fonctions pour connaître l'utilisateur (c'est à dire celui qui se connecte au serveur) et l'auteur, c'est à dire le créateur des objets :

SYSTEM_USER

nom de connexion
SESSION_USER

nom du créateur
CURRENT_USER

utilisateur courant
Ainsi, par défaut, SQL Server utilise les noms suivants :

Exemple 2

SELECT SYSTEM_USER, SESSION_USER, CURRENT_USER
SYSTEM_USER SESSION_USER CURRENT_USER
----------- ------------ ------------
sa          dbo          dbo
Notons en marge le super utilisateur SQL PUBLIC qui concerne tous les utilisateurs passés et à venir.


2. Octroyer des privilèges

Les privilèges sont, pour un ou plusieurs utilisateurs la possibilité d'utiliser certains objets et parmi ces objets, certains ordres SQL.


2.1. Les différents privilèges

Voici une liste des différents privilèges que SQL permet et les objets sur lesquels ces privilèges portent :

USAGE

domaine, jeu de caractères, collation, translation
SELECT, INSERT, UPDATE, REFERENCES

nom du créateur
CURRENT_USER

table, vue, colonne(s)
Notons qu'il n'est pas possible de définir des droits sur la création, la modification ou la suppression des éléments de schema (base de données), ceci étant définit lors de la création du schema.


2.2. Attribution de privilèges

C'est l'ordre SQL GRANT qui permet d'attribuer un privilège à différents utilisateurs sur différents objets.

Voici la syntaxe de l'ordre SQL GRANT :

GRANT <privileges> TO <gratifié> [ { , <gratifié> }... ] [ WITH GRANT OPTION ]
<privileges> ::= <privilège> [ { , <privilège> }... ]
<privilege> ::= ALL PRIVILEGES ON <objet table> | <privilège d'action> | <privilege d'usage> | <privilege de référence>
<privilège d'action> ::= <action> [ { , <action> }... ] ON <objet table>
<privilege d'usage> ::= USAGE ON <objet d'usage>
<privilege de référence> ::= REFERENCES [ ( <liste de colonne> ) ] <nom de table>
<action> ::= SELECT | DELETE | INSERT [ ( <liste de colonne> ) ] | UPDATE [ ( <liste de colonne> ) ]
<objet table> ::= [ TABLE ] <nom de table ou de vue>
<objet d'usage> ::= DOMAIN <nom de domaine> | COLLATION <nom de collation> | CHARACTER SET <nom de jeu de caractères> | TRANSLATION <nom de translation>
<gratifié> ::= PUBLIC | <utilisateur>
La clause WITH GRANT OPTION, est utilisée pour autoriser la transmission des droits. La clause ALL PRIVILEGES n'a d'intérêt que dans le cadre de la transmission des droits.

Voici maintenant une batterie d'exemples afin de mieux comprendre comment utiliser cet ordre... Pour nos exemples, nous avons considéré que les utilisateurs DUPONT, DURAND, DUBOIS, DUVAL, DULAC et DUFOUR était créé dans la base de données. Celui qui lance les ordres (sauf indication contraire) est l'utilisateur DUHAMEL.

Exemple 3

GRANT SELECT ON T_CHAMBRE TO DUBOIS
Autorise DUBOIS à lancer des ordres SQL SELECT sur la table T_CHAMBRE. Notez l'absence du mot TABLE.

Exemple 4

GRANT INSERT, UPDATE, DELETE ON TABLE T_CHAMBRE TO DUVAL, DUBOIS
Autorise DUVAL et DUBOIS à modifier les données par tous les ordres SQL de mise à jour (INSERT, UPDATE, DELETE) mais pas à les lire !

Exemple 5

GRANT SELECT ON TABLE T_CMAMBRE TO DUFOUR WITH GRANT OPTION
Autorise DUFOUR à lancer des ordres SQL SELECT sur la table T_CHAMBRE mais aussi à transmettre à tout autre utilisateur les droits qu'il a acquis dans cet ordre.

Exemple 6

GRANT SELECT, INSERT, DELETE ON TABLE T_CHAMBRE TO DURAND WITH GRANT OPTION
Autorise DURAND à lancer des ordres SQL SELECT, INSERT, DELETE sur la table T_CHAMBRE.

Exemple 7

GRANT SELECT, UPDATE ON TABLE T_CHAMBRE TO PUBLIC
Autorise tous les utilisateurs présent et à venir à lancer des ordres SQL SELECT et UPDATE sur la table T_CHAMBRE.

Exemple 8 : DURAND lance l'ordre suivant :

GRANT ALL PRIVILEGES ON TABLE T_CHAMBRE TO DUBOIS
Ce qui autorise DUBOIS à lancer sur la table T_CHAMBRE, les mêmes ordres SQL, que ceux autorisé à DURAND (SELECT, INSERT, DELETE).

On parle alors d'héritage de droits c'est à dire que l'utilisateur dotés de ces droits peut à nouveau les céder à un ou plusieurs autres utilisateurs.

Exemple 9 : DURAND lance l'ordre suivant :

GRANT UPDATE ON TABLE T_CHAMBRE TO DUBOIS
Cet ordre va provoqué une erreur, car DURAND n'est pas autorisé à lancer des ordres UPDATE sur la table T_CHAMBRE et ne peut donc transmettre un droit qu'il n'a pas !


2.3. Gestion fine des privilèges

Est-il possible de gérer des privilèges plus fins que sur l'intégralité de la table ou de vue ? En particulier, peut-on gérer des privilèges au niveau de certaines colonnes d'une table ?
La réponse est OUI, mais il faut utiliser un peu d'astuce...


2.3.1. Privilèges INSERT et UPDATE sur colonne

On peut employer l'ordre GRANT pour ce faire :

Exemple 10

GRANT UPDATE (CHB_POSTE_TEL, CHB_COUCHAGE) ON TABLE T_CHAMBRE TO DULAC
Cet ordre permet à DULAC de modifier uniquement les colonnes "poste téléphonique" et "nombre de place de couchage" de la table T_CHAMBRE.

Plus curieux, on peut définir les colonnes utilisables pour un ordre d'insertion pour un utilisateur :

Exemple 11

GRANT INSERT (CHB_NUMERO, CHB_ETAGE, CHB_BAIN, CHB_DOUCHE, CHB_WC) ON TABLE T_CHAMBRE TO DULAC
Cet ordre permet à DULAC d'insérer une nouvelle ligne dans la table, uniquement en spécifiant les colonnes listées. Le problème est que dans cette liste ne figure pas la colonne clef... Autrement dit, DULAC ne pourra jamais rien insérer du tout, sauf si la clef est calculée par un déclencheur avant insertion.

NOTA : dans le cas de l'attribution de privilèges d'insertion sur colonne, il est indispensable de faire figurer toutes les colonnes NOT NULL n'ayant ni clause de valeur par défaut, ni remplissage par un trigger avant insertion. Sans cela cette autorisation est illusoire !


2.3.2. Privilèges SELECT sur colonne

Ce type de privilège n'est pas géré directement par un ordre SQL.
En effet, il n'est pas possible d'écrire :

Exemple 12

GRANT SELECT (CHB_NUMERO, CHB_ETAGE, CHB_BAIN, CHB_DOUCHE, CHB_WC) ON TABLE T_CHAMBRE TO DULAC
Cet ordre n'est pas légal au niveau de SQL.

Mais un ordre GRANT peut porter sur une vue !
Nous voila donc sauvé : créer une vue pour gérer les privilèges de sélection de l'utilisateur DULAC..

Exemple 13

CREATE VIEW V_CHAMBRE AS SELECT CHB_NUMERO, CHB_ETAGE, CHB_BAIN, CHB_DOUCHE, CHB_WC FROM T_CHAMBRE
GRANT SELECT ON V_CHAMBRE TO DULAC
Et le tour est joué !


2.4. Particularité des privilèges d'usage

Mais quel est donc l'intérêt de gérer des privilèges sur des domaines, des collations, des translations, ou des jeux de caractères ?

Pour comprendre l'intérêt des privilèges d'usage intéressons nous au domaine en rapellant que le domaine est constitué d'un type de données assorties d'autant de règles que l'on veut (contraintes) et même aucune si on le désire. En outre, le domaine est utilisé en remplacement d'un type de donnée SQL basique, partout où on en a besoin, dans la définition des tables, commes dans l'utilisation de la fonction CAST par exemple.
Voici la création d'un domaine permettant de spécifier un pourcentage :

Exemple 14

CREATE DOMAIN DMN_POURCENT FLOAT CHECK (VALUE BETWEEN 0 AND 100)
Le problème réside dans le fait qu'une vue peut avoir été créée avec un transtypage de domaine...

Exemple 15

SELECT CHB_ID, CHB_COUCHAGE, CAST(100 * (CHB_COUCHAGE / (SELECT SUM(CHB_COUCHAGE) FROM T_CHAMBRE)) AS DMN_POURCENT) AS POURCENT_OCCUPATION FROM T_CHAMBRE
Dans ce cas que va t-il se passer lors de la suppression du domaine ?

Si la suppression du domaine se fait avec la clause RESTRICT, le fait que cette vue utilise un transtypage provoquera une erreur et interdira la suppression effective du domaine.

Si la suppression du domaine se fait à l'aide de la clause CASCADE, alors la vue est supprimée !

C'est pourquoi on aura tout intérêt à introduire des privilèges d'usage pour les domaines, collations, translations et jeux de caractères mais de façon parcimonieuses à certains utilisateurs capables d'instancier des vues par exemple. Cela permettra de limiter les dégats...

Bien entendu ce qui se passe dans notre exemple avec les domaines est similaire a ce qui peut se passer avec les collations, translations et jeux de caractères.


2.5. Privilèges de référence

Lorsque l'on crée des tables en liaisons les unes aux autres, on utilise très souvent le mécanisme d'intégrité référentiel afin de gérer les clefs étrangères.

Voyons ce qui se passe si, dans notre base exemple, nous attribuons les droits ainsi :

Exemple 16

GRANT SELECT, INSERT, UPDATE, DELETE ON TABLE T_CHAMBRE TO DUMONT
GRANT SELECT, INSERT, UPDATE, DELETE ON TABLE T_PLANNING TO DUMONT
GRANT SELECT, INSERT, UPDATE, DELETE ON TABLE TJ_CHB_PLN_CLI TO DUMONT
Dumont pourra sélectionner et supprimer sans problèmes dans toutes les tables. Il pourra mettre à jour les données et insérer sans aucun problème dans les les tables T_CHAMBRE et T_PLANNING.
En revanche il se heurtera parfois à un refus de la base de données pour la mise à jour de la table de jointure TJ_CHB_PLN_CLI. Pire , il lui sera impossible d'insérer des données dans cette dernière table...
Quel en est la raison ?

Regardons comment à été créée cette table de jointure :

CREATE TABLE TJ_CHB_PLN_CLI ( CHB_ID INTEGER NOT NULL, PLN_JOUR DATE not null, CLI_ID INTEGER not null, CHB_PLN_CLI_NB_PERS SMALLINT not null, CHB_PLN_CLI_RESERVE NUMERIC(1) not null default 0, CHB_PLN_CLI_OCCUPE NUMERIC(1) not null default 1, CONSTRAINT PK_TJ_CHB_PLN_CLI PRIMARY KEY (CHB_ID, PLN_JOUR) , CONSTRAINT FK_CHB_ID REFERENCES T_CHAMBRE (CHB_ID) , CONSTRAINT FK_PLN_JOUR REFERENCES T_PLANNING (PLN_JOUR) , CONSTRAINT FK_CLI_ID REFERENCES T_CLIENT CLI_ID) )
Elle utilise 3 tables en référence : T_CHAMBRE, T_PLANNING, T_CLIENT. Or notre utilisateur DUMONT n'a aucun privilège sur la table T_CLIENT. Il lui sera donc impossible lors de l'insertion, comme lors de la mise à jour de préciser une valeur pour cette colonne sans qu'il se voit automatiquement infligé un refus du serveur.

Or donc, pour pouvoir définir une valeur pour la colonne CLI_ID lors de l'exécution des ordres UPDATE et INSERT, notre utilisateur DUMONT, doit avoir un privilège supplémentaire définit comme suit :

Exemple 17

GRANT REFERENCES (CLI_ID) ON TABLE T_CLIENT TO DUMONT
NOTA : le privilège de référence ne porte pas exclusivement sur les contraintes d'intégrité mais sur toute contrainte faisant référence à une colonne d'une table externe.


3. Révocation des privilèges

L'ordre SQL REVOKE permet de révoquer, c'est à dire "retirer" un privilège.
Sa syntaxe est la suivante :

REVOKE [ GRANT OPTION FOR ] <privileges> FROM <gratifié> [ { , <gratifié> }... ] [ RESTRICT | CASCADE ]
<privileges> ::= <privilège> [ { , <privilège> }... ]
<privilege> ::= ALL PRIVILEGES ON <objet table> | <privilège d'action> | <privilege d'usage> | <privilege de référence>
<privilège d'action> ::= <action> [ { , <action> }... ] ON <objet table>
<privilege d'usage> ::= USAGE ON <objet d'usage>
<privilege de référence> ::= REFERENCES [ ( <liste de colonne> ) ] <nom de table>
<action> ::= SELECT | DELETE | INSERT [ ( <liste de colonne> ) ] | UPDATE [ ( <liste de colonne> ) ]
<objet table> ::= [ TABLE ] <nom de table ou de vue>
<objet d'usage> ::= DOMAIN <nom de domaine> | COLLATION <nom de collation> | CHARACTER SET <nom de jeu de caractères> | TRANSLATION <nom de translation>
<gratifié> ::= PUBLIC | <utilisateur>
La grande différence réside en fait dans l'usage des mots clefs RESTRICT et CASCADE. En cas de RESTRICT, si le ou les utilisateurs visés ont cédés leurs droits à d'autres, un message d'erreur apparaîtra et le SGBDR refusera de révoquer le ou les droits. En revanche l'usage du mot clef CASCADE entrainera la révocation des droits cédés à la manière d'un chateau de carte.

A noter que l'utilisation de l'expression GRANT OPTION FOR ne révoke pas les droits mais supprime la possibilité de cession des droits lorsque ces droits ont été définis en utilisant la clause WITH GRANT OPTION.


3.1. Quelques exemples simples

Exemple 18

REVOKE SELECT ON T_CHAMBRE FROM DUBOIS
Supprime le privilège de selection de la table T_CHAMBRE attribué à DUBOIS dans l'exemple 1.

Exemple 19

REVOKE INSERT, DELETE ON TABLE T_CHAMBRE FROM DUVAL, DUBOIS
Supprime les privilèges d'insertion et de suppression de la table T_CHAMBRE attribué à DUVAL et DUBOIS dans l'exemple 2, mais pas celui de mise à jour (UPDATE).

Exemple 20

REVOKE GRANT OPTION FOR SELECT ON TABLE T_CMAMBRE FROM DUFOUR
Supprime la possibilité pour DUFOUR de transmettre le privilège de sélection sur la table T_CHAMBRE.


3.2. Problématique de révocation

Il existe cependant quelques pièges dans l'utilisation du mécanisme de révocation. Nous allons en montrer quelques uns à l'aide de différents exemples. Rapellons simplement que celui qui lance les ordres (sauf indication contraire) est l'utilisateur DUHAMEL.

Contrairement aux droits "systèmes" les privilèges sont cumulatifs. On peut ainsi obtenir plusieurs fois le même privilège sur le même objet en provenance de différents utilisateurs. Le privilège sera totalement retiré lorsque tous les utilisateurs ayant donné ce privilége l'auront retiré.

Exemple 21

GRANT SELECT ON T_CLIENT TO DUCROS WITH GRANT OPTION
GRANT SELECT ON T_CLIENT TO DUGLAND
C'est maintenant DUCROS qui est l'utilisateur qui va lancer l'ordre suivant :

GRANT SELECT ON T_CLIENT TO DUGLAND
Enfin, DUHAMEL reprend la main pour révoquer ainsi :

REVOKE SELECT ON T_CLIENT FROM DUGLAND
DUGLAND peut-il sélectionner des lignes de la table T_CLIENT ? La réponse est OUI, par ce qu'il possède encore un droit de sélection venant de DUCROS !

Voici une autre problématique. Le super utilisateur PUBLIC ne vise personne en particulier ni en général. On ne peut donc retirer un privilège particulier à un utilisateur donné même si l'on a attribué des privilèges à "PUBLIC".

Exemple 22

GRANT SELECT ON T_CLIENT TO PUBLIC
REVOKE INSERT, DELETE ON T_CLIENT FROM DUMOULIN
Ce dernier ordre SQL va retourner un message d'erreur et ne sera pas exécuté parce que DUMOULIN n'a jamais reçu les privilèges INSERT et DELETE sur la table CLIENT, bien qu'il hérite des privilèges de PUBLIC !

En fait il faut comprendre que le modèle de gestion des privilèges dans SQL repose sur la théorie des graphes et peut devenir vite compliqué lorsque l'on veut gérer finement de multiples droits.


4. Retrouver les privilèges

Les vues d'information de schema permettent de retrouver les privilèges, les objets et les utilisateur visés (originaires et destinataires). Pour cela la norme SQL 2 à prévue 3 vues spécifiques :

INFORMATION_SCHEMA Colonnes
TABLE_PRIVILEGES GRANTOR, GRANTEE, TABLE_CATALOG, TABLE_SCHEMA, TABLE_NAME, PRIVILEGE_TYPE, IS_GRANTABLE
COLUMN_PRIVILEGES GRANTOR, GRANTEE, TABLE_CATALOG, TABLE_SCHEMA, TABLE_NAME, COLUMN_NAME, PRIVILEGE_TYPE, IS_GRANTABLE
USAGE_PRIVILEGES GRANTOR, GRANTEE, OBJECT_CATALOG, OBJECT_SCHEMA, OBJECT_NAME,OBJECT_TYPE, PRIVILEGE_TYPE, IS_GRANTABLE
Exemple 23

SELECT GRANTOR, GRANTEE, TABLE_NAME, ' <TABLE>' AS COLUMN_NAME, PRIVILEGE_TYPE, IS_GRANTABLE FROM INFORMATION_SCHEMA.TABLE_PRIVILEGES WHERE GRANTEE IN ('DUBOIS', 'DUVAL', 'DULAC') UNION SELECT GRANTOR, GRANTEE, TABLE_NAME, COLUMN_NAME, PRIVILEGE_TYPE, IS_GRANTABLE FROM INFORMATION_SCHEMA.COLUMN_PRIVILEGES WHERE GRANTEE IN ('DUBOIS', 'DULAC', 'DUVAL) ORDER BY GRANTEE, TABLE_NAME, PRIVILEGE_TYPE, COLUMN_NAME
GRANTOR     GRANTEE   TABLE_NAME     COLUMN_NAME     PRIVILEGE_TYPE IS_GRANTABLE  
----------- --------- -------------- --------------- -------------- ------------
DUHAMEL     DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        SELECT         False
DUHAMEL     DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        INSERT         False
DUHAMEL     DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        UPDATE         False
DUHAMEL     DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        DELETE         False
DUHAMEL     DUVAL     T_CHAMBRE      <TABLE>        INSERT         False
DUHAMEL     DUVAL     T_CHAMBRE      <TABLE>        UPDATE         False
DUHAMEL     DUVAL     T_CHAMBRE      <TABLE>        DELETE         False
DURAND      DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        SELECT         False
DURAND      DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        INSERT         False
DURAND      DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        UPDATE         False
DURAND      DUBOIS    T_CHAMBRE      <TABLE>        DELETE         False
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_POSTE_TEL   UPDATE         False
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_COUCHAGE    UPDATE         False
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_NUMERO      INSERT         False
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_ETAGE       INSERT         Fals
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_BAIN        INSERT         False
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_DOUCHE      INSERT         False
DUHAMEL     DULAC     T_CHAMBRE      CHB_WC          INSERT         False
DUHAMEL     DULAC     V_CHAMBRE      <TABLE>        SELECT         False
Si vous avez suivi à la lettre tous les exemples d'octroi de privilèges jusqu'à l'exemple 13, alors la requête ci avant donnera le résultat ci dessus...


5. Critiques diverses

Pour aussi simple qu'il soit, ce système qui revèle quelques pièges est assez complet mais insatisfaisant.
Voyons quels en sont les limites...


5.1. Pas de privilèges simultanés sur plusieurs objets


Ainsi il n'est pas possible de d'octroyer des privilèges à plusieurs objet simultanément :

Exemple 24

GRANT INSERT, DELETE ON TABLE T_CHAMBRE, T_CLIENT, T_PLANNING FOR DUVAL, DUBOIS
Un tel ordre est syntaxiquement incorrect du fait de la présence de plusieurs tables...
La conséquence est que la gestion fine des droits de 5 utilisateurs sur une base de données comportant une centaine de table se traduit en au moins une centaines d'ordres à passer...


5.2. Pas de privilèges "négatif"

Il n'est pas possible d'appliquer un privilège de déniement à un objet. Cela n'est pas définit par la norme SQL.

Exemple 25

DENY DELETE TO DUVAL, DUBOIS
N'existe pas en SQL. Ce serait pourtant bien pratique de passer par un tel mécanisme...

Nous allons voir cependant que la norme SQL:1999 (SQL 3) propose l'ajout du concept de ROLE afin de palier à certains de ces défauts.


6. SQL:1999 et les rôles

SQL:1999 introduit la notion de ROLE déjà présente dans de nombreuses implémentations de SGBDR.

Le but du rôle est de collecter des privilèges sur des objets puis de faire rentrer les utilisateurs dans un rôle ou un autre.

La description des rôles et les extensions des ordres GRANT et REVOKE du fait de l'introduction de nouveaux objets dans les définitions des schéma (procédures stockées, types utilisateur, méthodes...) sera vu dans les pages spécifiques à la présentation de SQL:1999.


7. Confidentialité des données

La confidentialité d'un SGBDR repose sur quatre niveaux :

  • flux de données : le réseau et les trames qui y circulent
  • inférence : l'environnement du système informatique (OS) ses fichiers, ses utilisateurs, ses programmes
  • cryptage : quel codage et transformation subissent les données ou les fichiers contenant les données
  • controle d'accès : comment l'accès au SGBDR est-il géré (par SQL avec GRANT et REVOKE)
Faire l'impasse sur le contrôle d'accès en supposant que la confidentialité est assurée par une bonne gestion des utilisateurs "système" est ullisoire. Les exemples dramatiques de pollution de bases de données avec des virus parce que les techniciens n'ont pas voulu protéger ne serait-ce que la connexion au serveur par un simple mot de passe sont légion !

D'autant que souvent les développeurs et chef de projet font un amalgame entre gestion des droits au niveau de la base de données et gestion des droits au niveau applicatif. En outre l'arrivée d'Internet à obligé l'introduction d'utilisateurs "anonymes".

Tout cela a favorisé une non gestion des droits et privilèges qui a fait monté au pilori certains SGBDR mal pensés ou mal utilisés.

La conclusion est simple : il faut gérer les droits à tous les étages de la pyramide. Au moins de manière simpliste.